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Les jeunes chirurgiens-dentistes consacrent généralement leurs premières années à acquérir de l'expérience en faisant des remplacements ou en étant collaborateur. S’installer est souvent l’objectif, mais franchir le cap n’est pas si simple pour plusieurs raisons : difficulté à choisir son lieu d’installation, démarches administratives complexes, investissement financier conséquent et une nouvelle casquette d'entrepreneur à laquelle les études ne les ont pas spécialement préparé. Pourtant, ceux qui osent relever le défi ne le regrettent pas.

Il est loin le temps où tout juste sortis de la fac, sans se poser de questions, tous les chirurgiens-dentistes s’installaient en libéral, hormis les quelques-uns qui se destinaient à une carrière universitaire. L’enquête réalisée en 2019 par l’UNECD (Union Nationale des Étudiants en Chirurgie Dentaire) le confirme : les premiers modes d’exercice envisagés après la faculté sont par ordre d’importance, le remplacement, la collaboration et le salariat.

Prendre ses marques avant de se lancer

Dans la dernière décennie, de multiples centres de santé ont ouvert, offrant des postes jugés moins contraignants en début de carrière. "C’est le hasard qui m’a conduit à travailler dans un centre mutualiste à Alès, raconte le Dr Laurence Tarrou, 36 ans, aujourd’hui chirurgien-dentiste à Langogne (Lozère) (Découvrez son interview juste ici). On m’a contactée pour un remplacement maladie de trois mois, c’était une super équipe et j’y suis restée huit ans. Cela m’a permis d’avoir mes deux enfants avec une certaine tranquillité. Mais l’objectif pour moi était à terme de m’installer, j’avais tellement vu mes parents salariés souffrir de leurs mauvaises conditions de travail." L’exercice de la chirurgie dentaire reste libéral à 80 % en France et la jeune génération est attachée à la liberté que cela représente. "Je suis tentée par l’exercice libéral, j’aime l’indépendance, j’ai envie de pouvoir faire mon planning et de prendre des vacances comme je l’entends, avoue le Dr Lucie Guesneau, 25 ans, diplômée en 2020. Avant de se lancer, la jeune femme partage son temps entre une collaboration, deux fois par semaine, et une vacation dans un centre municipal.

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Lucie GUESNEAU

25 ans, diplômée en 2020


"Je souhaite acquérir de l'expérience avant de m'installer"

"J’ai fait mon stage actif de fin de cursus à Vauhallan, dans l’Essonne, en zone sous-dotée, chez le chirurgien-dentiste qui m’a suivie enfant, et une fois diplômée, elle m’a engagée comme collaboratrice deux jours par semaine. Le reste du temps, je suis vacataire au centre municipal des Ulis. Cela me permet d’acquérir de l’expérience, de prendre en charge une patientèle aisée d’un côté, plus précaire de l’autre, de me familiariser à des logiciels métier ou du matériel différents. Je considère ces premières années comme un apprentissage du métier."

Développer l’esprit d’entreprendre

Le besoin de prendre ses marques est d’autant plus fort que s’installer suppose de prendre un risque financier et de faire des choix : choisir le lieu, créer un cabinet ou racheter un cabinet préexistant, louer ou acheter des locaux, travailler seul ou en groupe. Puis c’est le grand saut : démarches administratives, aménagement des locaux, achat de matériel… Cela ne s’improvise pas.
Le métier a changé, nécessitant un équipement et du matériel plus onéreux, l’emploi de personnel et le respect de normes professionnelles toujours plus complexes qu’elles concernent le droit du travail, le droit de l’entreprise, la sécurité, l’hygiène, la déontologie… "Mon investissement dans une association étudiante m’a familiarisé avec l’exercice libéral, estime le Dr Maxime Boiteaud. Au sein de l’UNECD, je me suis intéressé de près à la gestion d’un cabinet dentaire et, de fil en aiguille, je suis devenu chargé d’enseignement à la faculté de Bordeaux, pour le module "insertion professionnelle." Les étudiants doivent remettre en fin de module un écrit sur un projet d’installation, et, à relire toutes ces copies, je me sens doublement préparé." Il faut aussi prendre le temps de monter le projet. "Il nous a fallu deux ans de préparation avant d’ouvrir notre cabinet, mon frère et moi," témoigne le Dr Audrey Melllul, chirurgien-dentiste à Issy-le-Moulineaux. Nous avons reçu nos premiers patients il y a deux mois, sereinement, nous étions fin prêts."

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Maxime BOITEAUD

25 ans, diplômé en 2020

"Réflexion et anticipation sont les clefs pour réussir son projet"

"Avec ma compagne, nous sommes en cours de signature pour le rachat d’un cabinet dentaire dans le bassin d’Arcachon. Dès le début de mes études, c’était pour moi une évidence de m’installer en libéral mais je suis une exception. Parmi les confrères de ma promotion, la grande majorité exercent en tant que remplaçants ou en collaboration. Il y a une certaine frilosité à endosser la fonction de chef d’entreprise. L’important pour mener à bien le projet, c’est de tout réfléchir en amont, de bien s’entourer, de bien choisir ses fournisseurs d’équipement, ses laboratoires de prothèses, son expert-comptable ou son banquier."

Choisir un lieu d’installation en France : l'embarras du choix

Les chirurgiens-dentistes semblent avoir un atout de taille. La pénurie de professionnels est telle qu’ils peuvent se permettre de s’installer partout en France, moyennant des investissements plus conséquents, le prix du mètre carré étant plus élevé à Paris et sur la Côte Atlantique que dans les fins fonds de la Normandie ou du Centre Val-de-Loire. "Avec ma compagne, nous sommes en cours de signature pour la reprise d’un cabinet dentaire dans le bassin d’Arcachon, d’où sont originaires mes grands-parents. C’est un investissement très important car c’est une zone sur-dotée et il n’y a donc aucune aide", fait remarquer le Dr Maxime Boiteaud. Les Dr Jérémy Lévi, 34 ans et Martin Grosrichard, 35 ans, se sont installés, il y a quatre ans, également en zone sur-dotée à Puteaux (Hauts-de-Seine) mais dans un quartier en construction (Interview). La patientèle s’est faite rapidement avec les nouveaux arrivants des immeubles avoisinants flambant neufs et la proximité du quartier de La Défense. Idéalement, le Dr Lucie Guesneau préfèrerait s’installer dans une zone sous-dotée. "Cela réduirait l’investissement financier et serait plus gratifiant, explique-t-elle. Les relations avec la patientèle sont plus faciles, je le vois dans mon exercice, les patients disent toujours merci. Ceci dit, le choix de l’installation se fera avec mon compagnon, qui finit actuellement ses études en chirurgie dentaire."
Une installation, c’est parfois un tournant dans la vie, à l’instar du parcours du Dr Laurence Tarrou (l'interview du Dr Tarrou), citadine dans l’âme, qui avec son conjoint, a décidé de larguer les amarres à la campagne. À la clé, un retour sur investissement très rapide grâce aux tarifs immobiliers très accessibles et aux aides à l’installation en zone sous-dotée. Le Dr Laura Bru, 33 ans, quant à elle, a trouvé une voie encore plus originale : elle s’est installée à domicile, intervenant dans les Ehpad autour de Toulouse. Découvrez comment elle a fait !). Cela lui permet de limiter son endettement et aussi, comme tous ses confrères faisant le choix du libéral, d’assouvir son désir d’indépendance

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Audrey MELLUL

34 ans, diplômé en 2012

"Travailler en famille offre de nombreux avantages"

"Après mon diplôme, j’ai été collaboratrice puis salariée dans un centre dentaire. Cela m’a permis de suivre plusieurs formations dont un diplôme universitaire d’implantologie. Pendant les deux dernières années, avec mon frère qui est aussi chirurgien-dentiste, nous avons monté le projet d’ouvrir un cabinet dentaire. Nous avons trouvé un local à Issy-Les-Moulineaux
(Hauts-de-Seine), à proximité de nos lieux d’habitation. C’est une création de cabinet dans un quartier en construction. Nous avons fait appel à un architecte et à une société spécialisée dans l’aménagement de cabinet dentaire. Pour le recrutement de nos deux assistantes et d’une secrétaire, nous avons mis en avant des conditions de travail avantageuses en termes de primes et d’horaires. Le fait de travailler en famille, c’est un plus, l’esprit d’équipe est plus fort, nous pouvons gérer les urgences plus facilement et cela rassure les patients."

L'exercice de la chirurgie dentaire reste libéral à 80% en France.

Aides financières à l'installation

CESP (Contrat d’Engagement de Service Public)

Il engage les étudiants (à compter de la deuxième année) à s’installer en zones très sous-dotées, en contrepartie d’une allocation mensuelle de 1 200 € brut. La durée de l’engagement est égale à celle du versement de l’allocation.

CAICD (Contrat type national d’Aide à l’Installation des Chirurgiens-Dentistes dans les zones très sous-dotées)

Il donne droit à 25 000 € contre l’engagement d’exercer pendant au moins cinq ans dans cette zone.

CAMCD (Contrat type national d’Aide au Maintien des Chirurgiens-Dentistes dans les zones très sous-dotées)

D’une durée de trois ans renouvelable, il donne droit au versement d’un forfait de 3 000 € par an en contrepartie d’un engagement à exercer pendant au moins trois ans.

EXONÉRATIONS FISCALES
• Dans les zones de revitalisation rurale (ZRR) :
exonérations d’impôts sur les revenus ou sur les sociétés, de la cotisation foncière des entreprises (CFE), d’exonération des cotisations sociales en qualité d’employeur.
• Dans les zones franches urbaines (ZFU) :
dispositif d’exonération d’impôts sur les bénéfices pendant 5 ans.

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Marianne Ameline, responsable Instal&Vous, le service dédié à la création de votre cabinet dentaire :